Pourquoi le jeu est essentiel au développement de l’enfant (et à notre santé mentale de parent)

Le 20 Mars 2025, j’ai été invité à co-animer avec André Stern, en tant que conférencière pour traiter du sujet du jeu et de ses enjeux en y apportant mon éclairage. Cela s’est passé à Nîmes au centre social Simone Veil avec l’IFME dans le cadre de la « Semaine de La Petite Enfance ». Suite à cet événement, plusieurs partenaires étaient déçus de ne pas y avoir assisté, suite aux retours positifs entendu sur le sujet. J’ai donc décidé de vous offrir le contenu au travers d’un article que voici !

Si on vous dit « jeu », vous pensez rigolade, bazar, voire ambiance à la Koh Lanta dans le salon ? Et si on vous disait que jouer, c’est aussi construire son cerveau, apprendre à vivre ensemble et gérer ses émotions… tout en créant du lien avec l’adulte ?Dans cet article, je vous partage les grandes idées de ma conférence « Je, jeu et enjeux » (et un peu de mon expérience perso), pour vous montrer à quel point le jeu est un levier éducatif puissant… et parfois sous-estimé. 

Le jeu : dopant naturel pour le cerveau de l’enfant :

Les bases de neurosciences en éducation c’est quoi ? (vidéo ici)

 Pourquoi mon enfant ne tient pas en place ? (vidéo ici)

 Est-ce que mon enfant est trop exposé aux écrans ? (vidéo ici)

 Quel est le lien entre l’approche Montessori et les neurosciences ? (vidéo ici)

Les principes neuroscientifiques au service de l’éducation :

une base incontournable !

D’ailleurs, le cerveau de l’enfant est une fabrique de connexions, et le jeu est son meilleur carburant. Et ce n’est pas qu’une image : les neurosciences nous expliquent que jouer active la plasticité cérébrale. Cela signifie que le cerveau devient plus apte à apprendre, à s’adapter et à évoluer.

Démonstration neuroscientifique :• Dopamine : plaisir + motivation = apprentissages• Sérotonine : estime de soi + appartenance• Endorphines : bien-être corporel et apaisement• Ocytocine : lien d’attachement et confiance

Ok c’est partie, je vous raconte : un jour en centre de loisirs avec des 6 / 7 ans, je menais un atelier avec un groupe de 6 enfants et dans ce groupe, il y avait un enfant avec des troubles du spectre de l’autisme TSA. Il était très renfermé au début et durant cet atelier, à force de patiente, d’observation et d’outils comme le jeu, il s’est totalement transformé ! J’avais eu l’idée d’utiliser une balle sensorielle pour faire mon activité avec le groupe. En quelques minutes, il nous a offert un regard, un sourire… et un « encore ! » inespéré.

Le jeu libre : la liberté qui fait grandir 

Dans mes formations et ateliers, je répète souvent que le jeu libre est un super pouvoir

• L’enfant choisit quoi, comment, avec qui, pendant combien de temps

• Il suit ses idées, ses envies, son rythme

• Il se sent compétent, autonome, créatif

Et surtout… il apprend SANS même s’en rendre compte !

Le jeu libre survient lorsque l’enfant choisit lui-même à quoi il joue, avec qui, avec quoi et comment. Il suit ses idées sans objectif ou contrainte de temps. Il permet le développement global, la pensée créative, la résolution de problèmes, la confiance en soi, les compétences sociales...

Bref : tout ce qu’on rêve de voir chez un enfant.

Une fois, lors d’un cycle « Vivre et Grandir Ensemble »© que je menais en région parisienne dans un quartier REP+, une maman m’a dit : « J’ai laissé mon fils jouer seul dans le salon, et il a inventé un jeu de marché avec des boîtes de conserves et une vieille écharpe. Il y a mis tellement de sérieux que je n’ai pas osé l’interrompre. Et après, il m’a fait la monnaie mieux qu’à l’école ! » Comme quoi, peu importe d’où l’on vient, ce que l’on traverse, l’outil du jeu est toujours le meilleur pour apprendre sans distinction. C’est un outil inclusif !

Le lien adulte-enfant : renforcé par le jeu

Jouer ensemble, c’est s’offrir un terrain neutre pour se rencontrer autrement :

• L’adulte sort de son rôle de cadre ou de réprimande

• L’enfant se sent vu, entendu, sécurisé

• Le lien de confiance se renforceJe m’inspire souvent du « jeu-écoute » de Patty Wipfler :

• L’enfant mène le jeu, l’adulte suit

• On accepte de « perdre », d’être ridicule ou maladroit

• Le but n’est pas de réussir, mais de partager

Je vous raconte une expérience en ACM. J’ai un jour joué au loup avec un groupe de maternelles. J’avais promis que je serais un loup nul. Je me suis donc pris un arbre (fictif), j’ai confondu mes pieds, j’ai rampé à l’envers… et j’ai été acclamée comme une rock star. Mission accomplie !

Dans mes accompagnements, je vois souvent des parents ou des pros qui redécouvrent le plaisir simple de jouer, et la puissance de ce moment partagé.

Comme je le dis souvent : jouer, ce n’est pas perdre du temps, c’est investir dans la relation.

Montessori, terrains d’aventure, et cie : des cousins du jeu libre

Dans mes formations, j’aime montrer que l’approche Montessori et les Terrains d’Aventure partagent les mêmes valeurs que le jeu libre :
• L’enfant choisit
• L’environnement est pensé pour lui
• L’adulte est présent, mais pas intrusif

J’ai travaillé dans une structure Montessori qui intégrait aussi du jeu libre en extérieur.

Un enfant avait créé une cabane avec des palettes et l’avait nommée « l’école dehors ». Il organisait des cours de saut de caillou pour ses camarades. Il était à fond dans ses compétences organisationnelles.

Vous l’aurez compris, même si elles sont aussi différentes, ces trois approches placent l’enfant au cœur de ses apprentissages.

Ce qu’elles ont en commun ?

La confiance dans les capacités de l’enfant à explorer, choisir, organiser.

L’adulte n’est plus un chef d’orchestre, mais un soutien, un repère, une présence rassurante.

Culture enfantine : ces jeux qui transmettent des valeurs

On parle souvent de jeux « utiles ». Mais la culture enfantine regorge de pépites éducatives :
• « Un, deux, trois soleil », la marelle, les billes, les comptines…
• Ce sont des rituels sociaux, des codes partagés, des transmissions entre pairs

Comme le dit Julie Delalande : « Le temps de la récréation révèle l’établissement par les enfants de règles et valeurs qu’ils reprennent des adultes et s’approprient. »

En résumé : jouer, c’est sérieux (et drôlement efficace)

Le jeu est un vecteur de développement, de lien, d’équilibre. Il permet d’évoluer, d’apprendre, de coopérer, d’exprimer ce qui ne peut pas toujours se dire avec des mots.

Sur le terrain, je le vois chaque jour : quand on fait confiance au jeu et qu’on veille au jeu des enfants en protégeant leurs instants, on transforme des réactions en interactions, des conflits en complicités, des pleurs en fous rires.

Et je vous raconte un dernier truc vécu ! Pendant une formation en éducation consciente, une professionnelle m’a dit après un atelier pratique « En fait, je croyais qu’on allait juste “jouer”. Mais j’ai réalisé que j’avais appris à faire autrement, sans cris… et que c’était beaucoup plus efficace surtout dans la gestion du quotidien ! »

Et vous, quel jeu a changé votre regard sur un enfant ?

Pour aller plus loin, retrouvez mes formations, cycles parents et ateliers sur : julieabad.fr

Et pour celles et ceux qui veulent en parler en vrai : venez me voir dans le lieu de La Graine de Bienveillance à Sauve (30)
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Julie Abad SeedB – Conférencière, formatrice en pédagogie consciente et neurosciences, spécialiste du lien adulte-enfant et des approches Montessori, jeu libre et terrains d’aventure